Pas de front syndical pour la rétention d’animaux en ferme : le Modef veut protéger les éleveurs

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La FNB et les JA ont appelé les éleveurs à ne plus vendre leurs animaux de boucherie pour faire pression sur le gouvernement et les abatteurs afin d’obtenir des prix rémunérateurs. Cet appel a été rejoint par la Confédération paysanne qui a contacté plusieurs Présidents départementaux du MODEF dans le but de créer un front syndical sur ce thème.

Le MODEF, dont l’intérêt des éleveurs est la priorité, a refusé de rejoindre cet appel. En effet, cette solution se voudrait totalement inefficace.

D’une part, sur un plan commercial, il est utopique de penser qu’il est possible de créer une pénurie de viande sur le marché pour revaloriser les prix. Une pénurie pourrait avoir lieu si pendant plusieurs semaines il n’y avait aucun abattage et si les importations étaient bloquées.

De plus, ces dernières semaines les consommateurs ont montré leurs volontés de consommer des produits locaux de qualité supérieure et par la même occasion de soutenir l’Agriculture française, nous devons faire en sorte qu’ils puissent continuer à consommer ces produits. En ces temps de crise sanitaire, il n’est pas envisageable et tolérable de créer cette pénurie.

D’autre part, la trésorerie des exploitations étant déjà au plus bas, une très large majorité des éleveurs ont besoin de vendre leurs productions pour faire face aux échéances financières mais aussi tout simplement pour vivre.

Retenir des animaux en ferme implique des coûts conséquents et souvent une baisse de valeur des produits, tant en qualité qu’en prix de vente.

Enfin si une telle mesure était mise en place, elle impliquerait, lors de sa levée, une arrivée massive de viande sur le marché qui entrainerait une chute des prix et une augmentation des délais d’abattage.

Par conséquent, le MODEF demande à l’État dans ces circonstances exceptionnelles une mise en application de la loi EGALIM avec des prix planchers à hauteur des coûts de production et l’application du coefficient multiplicateur afin que les marges soient redistribuées à tous les acteurs de la filière.

Il est urgent que le gouvernement prenne en compte ces revendications, il en dépend de la survie de l’élevage français.

 

Angoulême, le 28 avril 2020

Vice-Président du MODEF National,

Francky CHATIGNOUX