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Raymond Mineau fondateurs du MODEF

Raymond MINEAU, ancien résistant, a été un personnage clef dans la création du MODEF en 1959. MODEF qu’il a organisé et dirigé durant 35 ans comme secrétaire général puis président. Il a été de tous les combats, de toutes les luttes pour défendre les petits et moyens exploitants, dénoncer les injustices. Rebelle dans l’âme, il a, durant toute sa vie, œuvré pour changer la société. Il a été membre du CES durant dix ans de 1984 à 1994 où ses interventions étaient remarquées. Respecté par les plus hauts personnages de l’Etat, du Parlement, des Syndicats Agricoles, Syndicats de salariés, partis politiques, il aura marqué de son empreinte la vie syndicale agricole.

Raymond MINEAU et Alfred NEGRE
Raymond MINEAU et Alfred NEGRE

Les fondateurs du MODEF avaient vu clair en 1959

Il n’est pas inintéressant de revenir sur les origines du MODEF et sur les motivations des membres fondateurs. Pour ce faire nous reproduisons un extrait d’un document rédigé en 1984 par Frédéric LINDESTAEDT alors secrétaire général.

Il suffit de lire l’appel rédigé par la réunion constitutive du MODEF du 7 Avril 1959 pour constater, aujourd’hui, que la voie choisie était la bonne. Mis en place par les hommes de la grande industrie, de la banque et du gros négoce, dans un contexte politique particulier, mais avec la complicité de la F.N.S.E.A. et les hommes de « l’action civique » devenus « C.N.I.P. » (Centre National des Indépendants et Paysans), le Gouvernement de 1958 ne mit pas 6 mois pour abroger l’indexation des prix agricoles pour plafonner les cotisations sociales des gros exploitants, pour les exonérer des taxes sur l’emploi de main d’oeuvre salariée (au-dessus de 2 salariés permanents), pour les libérer des retenues pour hors quantum sur le prix des céréales etc…

Les objectifs de ce nouveau pouvoir étaient d’une part de faire augmenter les profits industriels et bancaires en vue d’une grande relance industrielle, de dégager une grande quantité de main d’oeuvre d’origine agricole pour les besoins de l’industrie, et de comprimer le plus possible les prix agricoles pour mieux pouvoir s’opposer aux revendications ouvrières.

Comparée à la situation d’avant 1958, c’est une nouvelle démarche du pouvoir que le jeune MODEF va trouver à sa naissance. Mais après les premiers coups de boutoir des ordonnances PINAY, le grand homme du CNIP, le nouveau pouvoir entendra se donner des moyens plus importants et de longue durée pour poursuivre la voie où il s’était engagé. Ca sera le cas avec les lois d’orientation agricole (1960 et 1962) et avec l’intégration communautaire soutenue par la FNSEA et le CNJA. Pour la première fois dans notre pays on voyait des textes législatifs et réglementaires faire une discrimination entre deux catégories d’agriculteurs : – Les « viables » qui avaient droit à tous les encouragements et soutiens, – les « non viables » qui étaient bons à être éliminés. Il n’y a eu que la vigilance du MODEF et 1’action des intéressés qui a empêché la réalisation brutale de ces textes et de ces projets. C’est tout à l’honneur du jeune MODEF de 1959 d’avoir reconnu très tôt tous les dangers que comportait la nouvelle orientation de la politique agricole et de l’avoir combattu par tous les moyens. C’était une bataille dure et difficile contre un pouvoir autoritaire et l’autre syndicalisme .. »collaborant’’ et « cogérant » la politique agricole d’élimination. Bataille dure et pas toujours bien comprise par une partie de la paysannerie même. On traitait le MODEF de « conservateur ». de « rétrograde », de « poujadiste ». ou on le disait ’d’obédience communiste » pour mieux pouvoir l’isoler, mais rien n’y fit.

L’implantation du MODEF se développait : 23 départements à la création, mais déjà 60 en 1965. Conjonction des multiples luttes paysannes et des grandes luttes ouvrières de 1968, et « malgré le refus « corporatiste » de la FNSEA de participer. aux discussions qui mirent fin à plus d’un mois de grandes batailles sociales, la situation matérielle des exploitants familiaux connaissait un sérieux redressement entre 1968 et 1973.

Avec les accords de Grenelle, un relèvement des conditions de vie des consommateurs français a eu de bonnes répercussions sur le revenu des agriculteurs. Avec des hauts et des bas, une lutte telle qu’elle était pensée et tracée en 1959, ne pouvait avoir que des résultats à la mesure des forces en présence. Incontestablement industriels, banquiers, gros marchands et « agrariens », intégrés dans le pouvoir d’Etat étaient forts. Aussi incontestablement les luttes paysannes, surtout quand elles pouvaient s’appuyer sur d’autres luttes allant dans le même sens, donnaient des résultats. Il n’y a pas d’exemple dans notre passé où on pourrait affirmer que la lutte revendicative n’ait pas « payé ». D’ailleurs, on peut légitimement se poser la question de savoir où en serait la paysannerie Française aujourd’hui si la lutte s’était arrêtée en 1939 ou en 1958 ? Si les petits paysans avaient cessé leurs luttes propres à ces dates, s’ils n’avaient pas créé leurs propres organisations. Aux époques difficiles, s’ils n’avaient pas développé leurs propres réflexions sur le sens de leurs luttes ?