Restons vigilants et attentifs

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Le Président de la République s’est largement exprimé sur sa vision du devenir de l’Agriculture à l’issue des premiers travaux des États Généraux de l’Alimentation. Le MODEF a été très attentif à ce discours d’autant qu’il a, depuis des semaines, porté les préoccupations essentielles d’une profession lourdement sinistrée.

Des orientations et des choix essentiels se dégagent de l’intervention présidentielle, à travers laquelle, il faut bien le reconnaître, quelques-unes de nos revendications ont été reprises dont, un prix rémunérateur, fixé par la profession, la souveraineté alimentaire garantie tant en qualité qu’en quantité, aller vers une Agriculture plus biologique et agro écologique, préserver les équilibres territoriaux par la présence d’une Agriculture forte, préserver la santé de nos concitoyens. Ce sont autant d’éléments positifs avec lesquels nous pouvons être d’accord.

Le MODEF depuis toujours défend la souveraineté alimentaire et se bat pour une Agriculture à taille humaine, rémunératrice, respectueuse de l’environnement et garantissant des produits de qualité, des produits diversifiés et attachés aux territoires. Une telle Agriculture nécessite de rompre avec un modèle productiviste et libéral qui nie l’Homme, uniformise les produits agricoles et vide nos campagnes.

Cependant, en y regardant d’un peu plus près et en prêtant une oreille attentive, l’enthousiasme de départ retombe très rapidement. Le constat a été fait de cet « empêtrement » dans lequel est pris l’ensemble de la profession et surtout les petits et moyens paysans.

Si ce terme de paysan nous convient parfaitement, pour autant, les paysans ne doivent pas subir les conséquences des politiques successives et ne doivent pas être abandonnés et se débattre seuls pour sortir de l’emprise libérale. Il est demandé aux agriculteurs de se regrouper afin de peser plus sur les accords commerciaux, cela ne suffira pas de lutter contre l’appétit féroce des multinationales si le législateur n’intervient pas au niveau des accords commerciaux en imposant des garde-fous.

Se regrouper ne veut pas dire pour nous disparaître car la France a besoin d’une Agriculture présente partout, en nombre sur les territoires. La spécificité française d’une Agriculture diverse et variée aux couleurs de ces différents paysages doit être préservée.

Le Président de la République a justifié ses choix de ratifier les accords commerciaux du CETA et valoriser les engagements de la France avec le Mercosur, ce qui est fort inquiétant. Le MODEF dénonce un tel engagement qui va à contresens de l’intérêt général et des équilibres en particulier avec les importations massives que ces accords vont générer.

Dans les deux mois à venir, les moyens aux soutiens de la politique gouvernementale devront être trouvés ! Face à la grande distribution qui n’a aucunement l’intention de rogner sur ses marges et aux transformateurs multinationaux qui rêvent de s’approvisionner au plus bas prix, il nous semble difficile d’imaginer le moindre souffle de solidarité envers la paysannerie. N’oublions pas, la loi de modernisation de l’économie a donné le pouvoir à la grande distribution dans les relations fournisseurs/distributeurs impactant à la baisse, les prix agricoles à la production. Cette loi a permis de gagner en compétitivité en mettant en avant l’Agriculture industrielle comme modèle productif.

Plus que jamais notre rôle de syndicaliste nous appelle à être vigilant, nous savons tous que les bonnes intentions ne suffisent pas, la confiance entre les acteurs a ses limites, mais, restons à disposition, l’esprit ouvert à tout ce qui peut faire avancer… et améliorer notre sort.

Le 12 octobre 2017

Président du MODEF National,
Jean MOUZAT