Nos importations alimentaires ont doublé en 20 ans. Ce système alimentaire sous perfusion est la conséquence de plusieurs décennies de politiques agricoles et commerciales qui préfèrent l’exportation à la consommation locale et l’agro-industrie à l’agroécologie.
La souveraineté alimentaire se construit à travers des choix politiques forts en faveur d’une véritable politique alimentaire. Le concept de souveraineté alimentaire a été développé par la « Via Campesina » dont le MODEF est membre, à l’occasion du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996.
La souveraineté alimentaire désigne le DROIT des populations, de leurs ÉTATS ou UNIONS à définir leur politique agricole et alimentaire sans dumping vis-à-vis des pays tiers.
Avec 28 millions d’hectares de terres agricoles, la France produit, en théorie, assez pour couvrir sa consommation sauf en fruits et légumes. Dans de nombreuses productions, la France produit pour exporter et importer pour se nourrir.
Cette situation ubuesque s’explique d’un côté par l’insertion de l’Agriculture dans le commerce international et de l’autre par la montée en puissance de l’industrie agroalimentaire.
Les produits agricoles exportés mobilisent 43 % de la surface agricole utilisée (SAU) de la France, soit 12,4 millions d’hectares. Ainsi, plus de la moitié des surfaces céréalières et un quart des surfaces d’élevage produisent pour l’exportation.
Les conséquences de cette guerre commerciale se ressentent dans les champs. Pour s’imposer sur le marché mondial, l’Agriculture française s’est fortement industrialisée.
Spécialisation et agrandissement des fermes, retournement des prairies pour produire plus de céréales, disparition de la moitié des vergers. Aujourd’hui, 4 cultures (blé, orge, colza et maïs) couvrent 55 % des terres arables.
La situation alimentaire des Français n’est pas reluisante. Une part croissante de la population a un régime déséquilibré, faute de pouvoir accéder à des aliments sains.
Face à une société qui réclame de mieux manger et de préserver nos ressources, la France s’est dotée de nombreux objectifs en matière de nutrition, de santé, de préservation de la biodiversité, de réduction des gaz à effet de serre, de surfaces en Agriculture Biologique, de baisse des pesticides.
Ces objectifs ne font pas le poids face à l’orientation libérale et productiviste de l’Agriculture qui rend aujourd’hui la souveraineté alimentaire de la France hors de portée.
Pour garantir une souveraineté alimentaire réelle et durable, il est crucial de transformer radicalement les politiques publiques afin qu’elles répondent aux besoins alimentaires de toutes et tous, protègent les ressources naturelles et valorisent le travail des paysan.nes.
Le processus législatif de la Loi d’Orientation Agricole (LOA) semble à nouveau rater la cible d’ancrer ces transformations dans un cadre juridique ambitieux.