
La situation du loup est préoccupante, la tension dans le monde des bergers et des éleveurs ne fait que grandir, la menace d’une attaque crée des angoisses. La présence du loup implique pour les éleveurs de revoir leur mode de pâturage, de mise en estive et surtout de surveillance des troupeaux. L’impact sur le temps de travail et sur le moral est important.
Comme toujours, l’être humain est la cause de déséquilibres, comme la quasi-disparition du loup en Europe. La décision de faire revenir le loup aurait dû imposer une réflexion à la hauteur de la complexité des enjeux environnementaux, économiques, sociétaux, éthiques ou philosophiques.
Mais l’État pratique une politique de l’autruche. Résultat, les éleveurs sont psychologiquement blessés par les attaques incessantes et ne voient plus leur place dans une société qui privilégie le devenir du loup sans tenir compte de leur propre avenir.
Il faut dénoncer la politique de gestion du loup, mais opposer écolo-bobos et agriculteurs pollueurs est trop simpliste face à une situation complexe.
Trop peu d’aides sont mobilisables pour financer les bergers sur les estives. Ces postes sont très lourds financièrement et pourtant essentiels pour la mise en œuvre d’une bonne gestion pastorale. On bricole avec les aides prédation et avec les MAE mais les enveloppes ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Finalement, le loup fait consensus chez les éleveurs et masque les autres décisions plus clivantes de nos gouvernants qui pratiquent une politique agricole ultralibérale !
Car pendant ce temps :
La loi EGALIM censée protéger les prix de vente des produits agricoles, enlève 0,4 % de la valeur des prix agricoles et augmente de 8 à 10 % les prix aux consommateurs.
En 10 ans on a perdu 100 000 paysans.
On a perdu 3 millions de vaches depuis 1980. Les exploitations spécialisées en élevage ont diminué de 31 % en 10 ans.
Les départs massifs à la retraite accentuent la décapitalisation, des éleveurs jettent l’éponge, tout simplement exténués par un métier peu rémunérateur.
L’État laisse cette année 10% des terres agricoles s’urbaniser.
L’État négocie en secret des accords de libre-échange avec des pays exportateurs de viande.
On continue l’achat revente de DPB entre agriculteurs, les DPB se vendent de plus en plus cher et participent à la pression foncière et à l’agrandissement des plus gros.
Alors le loup d’accord, c’est un sujet ! Mais nous ne sommes pas dupes, le loup est dans la bergerie sûrement, mais nous voyons aussi les rapaces dehors qui nous prennent nos terres et nous confisquent notre avenir !
Frédéric MAZER