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Je voudrais commencer mon propos par une pensée. Une pensée pour les travailleuses, les travailleurs de la terre qui, un jour par désespoir, par honte de n’avoir réussi dans leur profession, en silence et dans l’indifférence générale, décident que leur vie ne mérite plus d’être vécue.

Ils le savaient bien que la tâche serait difficile. Ils avaient bien vu leurs parents s’acharner du matin au soir, parfois la nuit, du lundi au dimanche, du 1er janvier au 31 décembre pour un revenu qui n’est pas à la hauteur du temps passé.

Mais malgré cela et avec la passion pour moteur, ils ont décidé d’être paysans, malheureusement au péril de leur existence.

Combien de temps ? Combien de temps encore allons-nous supporter ce désastre humain ? Est-ce que nos gouvernants prennent conscience du drame ? Ont-ils une conscience ?

Avec 1/3 d’entre eux ayant moins de 350 €/mois, beaucoup de paysans aujourd’hui sont en grande difficulté.

Nous avons pu l’entendre dans les manifestations de ces derniers mois : ces jeunes installés qui nous décrivent une situation alarmante, d’autres empêtrés dans des dettes qu’ils pensent insurmontables, d’autres encore du fait de crises sanitaires (FCO, MHE, grippe aviaire…).

Encore une fois, les pouvoirs publics vont-ils faire glisser cette crise sous le tapis en fermant les yeux comme cela a été fait pendant des décennies ?

 

Après plusieurs versions d’une loi EGALIM qui se sont révélées totalement infructueuses, le gouvernement nous propose ce projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture.

Ce projet fait l’impasse sur une mesure essentielle pour permettre la pérennité des exploitations agricoles et le renouvellement des générations. Celle de garantir un revenu décent aux paysans.

Cela passe bien évidemment par la fixation des prix planchers garantis par l’État pour les produits agricoles. Nous pouvons nous réjouir de l’adoption en première lecture à l’Assemblée nationale le 4 avril de la proposition de loi portée par Madame la Députée Marie POCHON. Première pierre d’un édifice.

Mais il ne faut pas oublier le partage de la valeur ajoutée. Ces prix planchers doivent donc être accompagnés par la mise en place de coefficients multiplicateurs car aujourd’hui la grande distribution a tout pouvoir. Elle rackette de manière légale les agriculteurs et leur coopérative et elle pratique des marges abusives. Elle joue sur les importations pour casser le marché agricole.

La protection du revenu agricole passe aussi par la fin des accords de libre-échange déjà signés et l’arrêt des négociations de ceux à venir.

Yannick PLAZANET