
Qu’il est loin le temps de l’exploitation familiale diversifiée qui vendait son lait et ses légumes aux voisins, aux petites épiceries du coin, et fournissait le reste de sa récolte aux coopératives locales : quel plaisir de nourrir toute la France ! Le revenu restait modeste mais la société qui se relevait des guerres mondiales s’annonçait pleine d’espoir, surtout envers ceux qui la nourrissent.
Malheureusement, les matières premières sont devenues la matière du pauvre, soumises à l’agro-industrie et régies par l’OMC et sa spéculation. Le paysan français est pillé comme les pays du tiers monde le sont pour leurs richesses naturelles. Ce modèle d’exploitation de plus en plus grande en production intensive a conduit une production de moindre qualité délaissant les pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement tout en appauvrissant notre population active qui passe de 3 millions à 350.000 paysans. La conséquence : la perte de notre souveraineté alimentaire réduite à 80 % ! Il faut importer non plus pour diversifier notre alimentation mais pour nourrir toute la France ! Le tout dans un contexte de paysans survivant à coup de subventions…
Si on ne change rien, ce constat ne va pas s’améliorer, bien au contraire, 175.000 paysans pour toujours plus de dépendance alimentaire d’ici 2040. Mais le MODEF a été, et sera toujours force de propositions, ces luttes n’ont jamais été autant d’actualité et LÉGITIMES depuis 60 ans que nous militons pour un vrai revenu avec des prix rémunérateurs encadrés et une retraite décente !
L’agriculture de demain devra être une symbiose des différents modèles agricoles durables, autant économiquement qu’environnementalement, afin de retrouver notre souveraineté alimentaire par une agriculture de qualité.
Pour se faire, il faudra 1 million de paysans, pour ramener la production dans les territoires, sortir l’agriculture du marché mondial en sortant de l’OMC, assurer une répartition des terres en faveur de l’installation à l’aide d’un vrai service public. Pour faire face aux enjeux du changement climatique, la recherche publique doit être au service des agriculteurs. Notre profession a besoin de solutions concrètes pour sortir des phytosanitaires et des énergies fossiles, mais aussi pour composer avec les énergies renouvelables sans mettre en danger l’agriculture.
Les élections des Chambres d’Agriculture en janvier 2025 seront le premier rendez-vous important pour lancer cette nouvelle dynamique en donnant les clés au MODEF !
Lionel GIRARDI