
Le 7 juillet, le MODEF organisait une vente de fruits et légumes à Trappes. Ce fut une réussite grâce à la mobilisation de nos adhérents ainsi que ceux de la CGT qui nous ont accueillis sur place. Cette action qui avait pour but la rencontre entre les consommateurs et les agriculteurs, a été une réussite.
En discutant avec les anciens, j’ai réalisé une chose certaine. Aujourd’hui la grande majorité, pour ne pas dire la totalité des consommateurs, est au courant de ces problèmes, et c’est en grande partie grâce aux actions du MODEF.
Il y a 30 ans, la première action de vente a été organisée sur Paris, ce fut une révélation pour le grand public de savoir que les agriculteurs ne vivaient pas de leur métier, et bien les intermédiaires qui s’accaparaient la majorité de la marge.
Aujourd’hui encore, nos actions dénoncent ce système et nous avons gagné le soutien des consommateurs et des médias. Nous avons aussi fait bouger les mentalités chez beaucoup d’agriculteurs engagés dans un système de production industrialisée.
Nous devons maintenant défendre un modèle agricole familial qui réponde aux enjeux sociétaux d’aujourd’hui et de demain. Sans cela toutes les décisions politiques qui seront prises ne serviront qu’à maintenir le modèle actuel sous perfusion à coup de subventions, souvent mal orientées.
Mais cette démarche prend du temps.
Pour exemple, quand je me suis installé, nous avions mis en place avec mon père des tomates sous serres hors sol. C’était pour moi, à l’époque, l’évolution logique pour aller vers une agriculture moderne. Mais c’est une tomate standardisée de qualité moindre, payée au prix du marché mondial qui était cultivée. Le parfait produit pour la grande distribution qui nous a amené à travailler plus pour gagner moins. C’est en réalisant cela que je me suis tourné vers la vente directe.
La transition s’est faite sur plusieurs années. Mais c’est en retrouvant ce lien avec les consommateurs que j’ai redonné du sens à mon métier, j’ai pu récupérer de la valeur ajoutée en produisant mieux.
Mon exemple personnel ne suffit pas à faire une généralité et toutes les exploitations ne peuvent pas se transformer pour faire de la vente directe. Mais de plus en plus d’agriculteurs retournent sur des modèles d’Agriculture familiale plus résilients, que ce soit par la transformation, les circuits courts ou la diversification.
Ce sont les actions syndicales qui montrent le chemin. Il est possible de sortir du système dans lequel certains veulent nous enfermer, les consommateurs nous soutiennent dans ces transitions.
Guénaël POULMARC’H